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J'ai commencé l'impro il y a six ans à peu près. La première fois où j'ai fait de l'impro, c'était un événement qui était organisé dans mon école. C'est moi qui m'occupais de l'organisation de l'événement, il y avait un spectacle d'impro qui était prévu et une des personnes ne pouvait pas jouer. Donc, il manquait une personne et du coup, je me suis dit : je joue. Le premier spectacle, j'étais très stressé avant parce que quand même, je me suis dit : tu prends un risque mec, t'as jamais fait d'impro. Et c'était dingue. Je me suis dit : c'est ça que je veux faire en fait, ça y est, je viens de le trouver.

 

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Il y a un truc hyper important en impro, c'est le lâcher prise. En fait, il y a plein de valeurs associées à l'impro qui sont connexes au développement personnel. Parmi ces valeurs, il y a la bienveillance envers soi, la bienveillance envers les autres, l'écoute active et l'acceptation, le "oui et".

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Être bienveillant envers soi, c'est ne pas se dévaloriser - ça, on le fait tout le temps, moi je le fais encore aujourd'hui. Mais c'est d'en avoir conscience, de dire : ah, là, je viens de me dévaloriser. Est-ce que c'était de l'humour? Ou est-ce-que c'était vraiment de la dévalorisation? Il faut juste que je sois bienveillant envers moi et que je sois positif par rapport à ce que je fais. Et ça, c'est très fort. Je pense que quand t'as ça, ça t'aide beaucoup aussi dans la vie. Être bienveillant envers les autres, c'est génial aussi parce que... Moi, j'ai l'impression d'être plus en accord avec l'humanité, avec les gens, d'être beaucoup plus tolérant depuis que je fais de l'impro.

 

Être à l'écoute : l'écoute, ça, c'est une des techniques fondamentales d'impro. C'est un truc qui permet d'exploser en impro. Si on écoute son partenaire, on va pouvoir rebondir sur ce qu'il dit de manière concrète. On va pouvoir réutiliser ce qu'il dit et aller plus loin. Quelqu'un qui a une écoute très, très élevée, c'est un excellent improvisateur parce qu'il va tout réutiliser sur l'écoute active.

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J'ai eu un stage hyper intéressant. C'était : comment écouter vraiment mon partenaire et l'écouter pleinement. En gros, ça se composait en plusieurs phases. On était assis, par groupe de quatre personnes. Il y avait deux règles fondamentales : c'était ne jamais perdre le contact visuel avec la personne qui s'exprime et ne jamais s'exprimer pendant que la personne s'exprime. On avait quatre questions qui nous ont été posées les unes après les autres et en fait, chacun notre tour on devait répondre. On nous a dit : voilà, je vous pose une quatrième question et là, vous avez 15 minutes tous les quatre. J'ai vécu un échange d'une pureté et avec un niveau d'écoute que je n'avais jamais vécu dans ma vie. Parce qu'on avait eu toute cette préparation, à regarder l'autre et à vraiment l'écouter, au moment où on est partis sur un débat, eh bien, personne ne s'est coupé la parole pendant 15 minutes. Naturellement, il y a toujours eu deux, trois secondes de silence avant que quelqu'un reprenne. Ça nous a permis d'aller hyper loin et je me suis dit : ça, si on l'utilisait dans des réunions, si on l'utilisait dans plein de choses...

Beaucoup de mécommunications entre les gens, elles sont dues au fait que les gens ne se sont pas vraiment écoutés. "Je te l'avais dit, chéri.e, ça fait des mois que je te le dis". J'ai un exemple qui est bateau, qui n'existe pas forcément, mais le mec qui se fait larguer et qui ne comprend pas pourquoi. Bah non, peut-être qu'elle t'en a parlé, peut-être qu'elle a envoyé plein de signaux, mais t'écoutais pas ou t'étais pas attentif à ce qu'elle essayait de te dire.Quand tu as cette écoute, tu peux avoir vraiment un échange fort - plus fort avec les gens. Tu peux aller plus loin dans les conversations.

Clairement, quand je décide d'écouter quelqu'un, je le fais beaucoup mieux qu'avant et je trouve qu'il y a une vraie richesse dans l'écoute. En fait, cette technique d'écoute, elle est connectée à l'acceptation que chaque proposition de mon partenaire est un cadeau et je vais essayer de lui donner de l'importance.

 

Tu te rends compte qu'en impro, tu apprends beaucoup sur scène. L'apprentissage se fait sur scène : de passer sur scène, ça te permet de te dire - ça, ça fait rire, ça, ça ne fait pas rire. La première phase de découverte de l'impro sur scène, on ne se dévoile pas soi - on fait des personnages, on est dans le gag. Et au bout de quelques années d'expérience, on arrive à se dire : j'ai envie de montrer de moi sur scène.

J'avais fait un exercice - c'était un stage, comme ça, justement sur cette notion-là. J'étais avec une fille, j'étais homosexuel, et cette fille avait couché avec mon mec. Et j'ai vraiment essayé, sincèrement (je voulais ça), de me dire : qu'est-ce que ça me ferait ? Comment est-ce que je réagirais ? J'étais en colère et c'était tellement fort que je me suis mis à rire nerveusement à un moment, et à complètement lâcher. La personne qui nous coachait m'a dit : c'est normal, c'est dur de se confronter au jeu sincère et t'as lâché parce que c'est ton corps qui dit "stop, c'est gênant cette situation, arrête-toi". Tu lâches le truc parce que c'est compliqué d'être sincère et de s'exposer comme ça sur scène. Mais il m'a dit qu'à force de travailler, tu tiens plus longtemps et tu ne décroches plus. L'improvisation, c'est une école de la vie. Pour moi, c'est tellement lié à plein de choses, au développement personnel, à des valeurs positives.

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Et en fait, c'est une discipline. À la fin, c'est presque un mode de vie pour moi et si j'ai envie ce soir de parler à la personne qui est sur le quai d'en face sur le métro et de lui dire une blague, je le ferais parce que ça va me faire rire, et que c'est ce dont j'ai envie tout de suite maintenant. J'essaie de m'écouter et de me dire : qu'est ce qui me ferait du bien, là, tout de suite ?

L'impro, ça te permet de te dire : je vais essayer de m'écouter parce que tu écoutes l'autre, que tu écoutes plein de choses et que du coup, tu te mets aussi à t'écouter, toi. C'est ce qui me rend... c'est un des trucs qui me rend clairement heureux. Ouais, l'impro ça... ça me rend heureux quoi. L'impro ça me rend heureux de ouf.

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